La Centrale de Vendin-le-Vieil
Cette fois c’est mon beau-frère Jean-Marc de Wingles que je remercie pour les précieux renseignements et explications qu’il m’a donné ainsi que pour la balade qu’il m’a offerte sur le site de la Centrale de Vendin. Cet article sur la Centrale de Vendin est dédié à mon père qui y a travaillé une grande partie de sa carrière.
Certains renseignements ont aussi été tirés du blog de Chefcruchot consacré à la commune de Vendin-le-Vieil et à voir ici : http://chefcruchot.vip-blog.com/
Les Mines de Lens possédaient à Vendin-Le-Vieil deux sièges d’extraction, les fosses 8 et 10 et d’importantes usines de traitement du charbon : une cokerie, une usine à briquettes, un lavoir central, une centrale électrique et d’importants parcs à stocks. Vendin possédait de nombreux moyens de communication dont un rivage sur le canal de la Deûle pour l’expédition du charbon en péniche, un réseau de voies ferrées relié aux lignes de la SNCF et une station pour l’entretien des locomotives.
La centrale thermique sert à fabriquer de l’électricité à partir de la combustion du charbon. Pour les compagnies minières, la centrale thermique est une nécessité. Très vite à la fin du XIX et début du XXème siècle, les puits des mines ont été électrifiés : d’abord les bâtiments puis les machines et le fond. La demande électrique est devenue croissante. Très vite, la fabrication d’électricité est devenue indispensable, puis rentable voire lucrative.
En 1909, la Centrale de Vendin est construite. Seules deux cheminées existent à l’époque. Elle comprend plusieurs groupes. Un groupe basse pression de 32MW, un autre de moyenne pression de 46 MW (Un autre groupe de 40MW haute pression sera installé en 1947).On remarque qu’alors les six réfrigérants sont en bois. Le courant électrique de la centrale de Vendin alimenta dès le début du siècle, par l’intermédiaire de la Compagnie Electrique du Nord, filiale de la Compagnie des Mines de Lens, un réseau de distribution de plus en plus étendu.
Déjà à cette époque, la centrale est pourvue d’une piscine. C’est plutôt un bac de rétention d’eau mais il permet aux enfants des ouvriers des Mines de s’ébattre joyeusement. Des courses de natation, des joutes et autres jeux sur eau y avaient souvent lieu. A l’arrière-plan, les cabines de déshabillage jouxtent les réfrigérants en bois.
La Centrale, comme toutes les installations de Vendin eut à souffrir de la première guerre mondiale. Mais les dégâts ne furent pas si importants qu’à Lens.
Aussitôt la fin de la guerre, la priorité fut de remettre en service la fosse 10 afin d’alimenter la Centrale en charbon. L’énergie produite par la Centrale était absolument nécessaire à la reconstruction.
Dès la fin du conflit, la fosse 10 est remise en service afin d’alimenter la Centrale en charbon afin de fournir l’énergie électrique nécessaire à la reconstruction.
En 1925, une troisième cheminée est construite
La centrale est modernisée : ci-dessous la salle de commande et celle des turbines
Un nouveau groupe de batteries est construit en 1927
Vers 1930 apparaît le premier réfrigérant en béton appelé à remplacer ceux en bois.
En 1936, construction de la quatrième cheminée :
La centrale possédait aussi son château d’eau :
Puis arrive la seconde guerre mondiale. Dès le début de l’invasion allemande, la Centrale est visée par les bombardements alliés. Voici des extraits de ce que raconte le Brigadier de Police de Vendin dans un rapport à son supérieur : « Le 30 juin 1941, vers 18h30, un groupe de 30 avions britanniques … a lancé 27 bombes de différents calibres sur la centrale à vapeur de la Société des Mines de Lens. Un incendie s’est déclaré dans le magasin à huile… Les installations de la centrale ont été fortement endommagées et il est impossible à l’heure actuelle, d’évaluer les dégâts… La Compagnie a eu ses lignes sectionnées… Deux de ces engins ont détruits des immeubles, il y a eu 3 blessés ».
Vendin sera au total 21 fois bombardé pendant cette guerre (dont une seule fois par les Allemands) causant la mort de 29 civils.
Le dernier bombardement sera la plus cruel en juin 44 avec 11 victimes.
Cependant, la centrale n’est finalement pas très abimée.
1945 : la Guerre est finie, il faut à nouveau reconstruire et produire au maximum. La Centrale de Vendin participe à sa manière à la bataille du charbon. C’est la nationalisation, la Centrale devient propriété des HBNPC, groupe des Mines de Lens.
Elle connaît ses heures de gloire. De loin, ses trois immenses réfrigérants surplombent la commune de Vendin le Vieil.
La centrale est très proche de la ville. On y emploie de nombreux ouvriers venus de la mine ou d’ailleurs.
Départ en retraite d’un ouvrier de la centrale de Vendin dans les années 60 :
Mais ce qui reste le plus dans les souvenirs des Vendinois (et des autres), c’est certainement la piscine. Composée de 3 bassins et située en plein cœur de la centrale, au pied des réfrigérants, chauffée par l’énergie produite, elle était dans les années 50/60 l’une des rares piscines découvertes de la région. L’entrée de la piscine se trouvait rue Bucquet.
La piscine était. Son activité déclina suite à l’ouverture en 1966 de la piscine de LENS et la cessation d’activité de la Centrale. Elle fut détruite en 1985 (voir photos plus loin)
Puis arrivèrent les années 60 et la fin programmée des houillères. Les puits fermèrent à tour de rôle. La Centrale ne survécue pas à ce raz-de-marée. Elle fermera définitivement en 1972,
les réfrigérants ne fumeront plus :
Les installations se dégradent :
Pendant 13 ans, la centrale est laissée à l’abandon. Il a fallu attendre 1985 pour voir les premiers travaux de destruction :
Les cheminées tombent à tour de rôle :
La piscine est détruite :
Aujourd’hui, il ne reste plus aucune trace de la Centrale comme le montrent ces deux photos aériennes prises du même endroit :
Le terrain où elle se trouvait est devenu un espace vert qui sert à l’occasion de lieu de promenade.
21 commentaires »
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Incroyablement interessant. c’est génial de voir un siècle d’histoire défiler à travers celle de cette centrale.
Ce qui est incroyable aussi, c’est qu’aucun morceau de batiment n’ait été conservé comme souvenir, pour l’histoire.
Une petite question: sur la photo de 1930, il y a 5 tours, et seulement 4 ensuite. Est ce une erreur dans la suite des photos?
Salut Claude
La cokerie de Vendin était reliée au triage SNCF de Pont à Vendin et fournissait en coke Dunkerque. Un train était remis chaque jour en 2 rames et au milieu des années 60 , c’était le plus long en Europe entre 65 et 70 wagons . Géré par la SGW, ce train faisait 750 mètres pour 3500 tonnes. Un plaisir à pointer surtout en hiver!…. très bon pour apprendre le calcul. Ce train fut ensuite ce fut fourni par la gare d’Henin.
Dernière publication sur Le lensois normand : C'est fini (pour le tome 1)
Bien observé, Arno. Il y a en effet une erreur. Mais ce n’est pas une inversion : j’ai placé une mauvaise photo à cet endroit. Les cheminées ont été construites puis abattues puis reconstruites selon les modifications apportées à la Centrale.D’ailleurs, on peut voir qu’à la fin de sa vie, la centrale ne possédait plus que 4 cheminées : 3 « petites » en alignement et une grande derrière à l’emplacement des anciens réfrigérants en bois.
Je rectifie.
Et oui, sur le site, il ne reste qu’un seul bâtiment dans le fond, le long du chemin mais je pense (sans l’avoir vérifié)qu’il devait appartenir à la fosse 10.
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Oui, Francis, surtout qu’à cette époque, les « pointeurs » de la SNCF travaillaient avec une planche et un crayon de bois pour noter les numéros et poids des wagons.
Ils ne bénéficiaient pas encore du portable informatique.
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Salut,
qq souvenirs de la piscine de Vendin. Mes orteils s’en souviennent … Quant à la rue pavée pour y arriver, là ce sont mes bras et les jantes du vélo qui s’en rappèlent. Que du bonheur d’être plus jeune !
Bises,
Gérard.
bonjour , Claude
moi je me souviens surtout que de la piscine
j ‘ai pris quelques bains
l ‘eau etait toujours bonne
Gilles
Bravo,Claude pour cet historique.je ne suis allé qu’une seule fois à la centrale de Vendin pour voir
Pépé,il travaillait dans la salle des turbines dans un bruit épouvantable.Il n’y a pas à s’étonner qu’il
soit devenu sourd
Un grand bravo pour ce site intéressant et pour cet historique qui m’apprend beaucoup, moi qui ai vécu 18 ans dans la rue de la piscine, la maison au bout de la rue, près des champs et dont la cour servait de parking à vélos pour certains nageurs.
La non- réaction concernant la centrale électrique de Vendin le Viei ne témoigne pas d’un non-intérêt.
Dautant plus qu’elle a été au centre de ma vie d’enfant
La toute nouvelle fosse 10 et sa salle des pendus(qui m’angoissait quelquefois)
Le gros gazomètre(qui bouchait une partie de notre horizon)
Les wagons qui venaient décharger la poussiére de charbon pour alimenter la centrale(il y en avait toujours dans l’air)
Les bâtiments de la centrale(nous vivions au bord du mur de clôture)
Les quatre cheminées dont une mesurait 110 mètresde haut (notre fierté)
La piscine (où j’ai bu mes premières tasses)
Et un jour le drame:un avion allemand largue une bombe sur notre maison.Le réflexe habituel en cas d’alerte
nous fait nous précipiter ma mère,mes trois soeurs et moi,dans la cave échappant ainsi à une mort certaine,
J’avais neuf ans.Eensuite,c’est l’exode.Monpère,affecté spécial à la centrale voit sa famille partir sur les routes,soit
disant pur fuir l’envahisseur.
Beaucoup plus tard je suis retourné sur les lieux.A l’emplacement de notre maison:un monticule sur lequel la nature avait repris ses droits
Non vraiment,tout,tout,tout sauf de l’indifférence
Un complément de bises au cas où vous auriez épuisé le précédent stock.
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Une pensée pour notre « chefcruchot »!!nous sommes tous avec lui.
Bonjour,
Quel plaisir de revoir cette magnifique piscine, mon pére était maitre-nageur,Michel Pennequin, il travaillait lui aussi à la centrale de Vendin.
la natation ne m’a jamais quittée.
Bravo pour ce blog,j’habite à 900 km, çà me fait plaisir de revenir à Vendin par le web.
Cordialement.
merci pour ces souvenirs qui pour moi dates des années 55/56/57/58/59/60/61.
la seule piscine des environs à cette époque qui a fait bien des heureux.
j’habitais à Liévin, je venais à pied avec plusieurs copains en passant par des racourcis ( expl :près des rails de chemin de fer sur la route de la fosse n°8).
elle aurait mérité d’être au patrimoine.
félicitation pour ce reportage.
A la piscine on y allait a vélo et pendant des années, avec les copains de la fosse 14. Seulement mes parents ne le savait pas et un jour on me cherche partout et on ne me trouve pas, bien sur j’étais a la piscine et toujours sans la permission. J’ai pris une danse mais au moins j’ai appris a nager et sur les 4 enfants j’étais le seul.
Moi aussi je me souviens de la piscine, j’y allais avec ma copine en velo depuis la cité st paul, tous les étés et aussi avec l’école au mois de mars……
souvenirs souvenirs……
La centrale de vendin bien que fermée était toujours occupée…en effet a partir du milieu des années 70, un bâtiment servait d’ateliers de reparation des wagons….la station diesel était toute proche.. Ou venait s’approvisionner en gas oïl et sable..les locos diesels .il.semble que c’est ce dernier etablissement qui clôtura l’activité du site….la centrale.fut arrêtée en 73…la.cokerie en 78 et le lavoir central en janvier 83….derriere la centrale existaient aussi de gigantesques parcs a stocks ou évoluaient de grandes grues sur rail….
la piscine a vec les cabines exterieur quel bel epoque jai connu
j y ai travaillè a la cokerie de vendin d abord comme chef de train puis ensuite comme visiteur.
Un de mes grand oncles qui habitait rue du Bois à la cité Fosse 8, Pierre-François BEAUREPAIRE, a perdu la vie lors du bombardement du 24 juin 1944…alors qu’il faisait de l’herbe pour ses lapins …Il avait 73 ans.
Avez-vous des informations sur ce bombardement?
Merci
Bonjour, je vous invite à suivre ce lien http://chefcruchot.vip-blog.com/vip/rubrique/22217_10.html.
Ce blog a été conçu il y a plusieurs années par un gendarme de Vendin, Jeannick Tapella qui a trouvé la mort en service en 2010 renversé par un chauffard alors qu’il était en service. Il y a plusieurs articles sur le bombardement de Vendin.
Dernière publication sur Le lensois normand : C'est fini (pour le tome 1)
je voudrais avoir un contact avec vous monsieur. j’ai un plan du bombardement 41 retranscris par mon Père résistant à 16 ans.c’était un ordre de mission ( le plan était destiné pour les renseignements Anglais) mais la tête du réseau a été décapité. trop long a expliqué . Si cela plan vous intéresse pour enrichir votre blog et aussi je veux faire profiter le plus de monde possible. envoyer moi votre numéro de téléphone que je puisse avoir contact avec vous Cordialement..
Par contre au moment des travaux beaucoup de traces des batiments, cheminée et fosse 10 on était mis au jour.