MICHELET par Christian Daubresse
Monsieur Christian Daubresse, qui fut Conseiller Municipal à Lens, a été longtemps enseignant au Collège Michelet, Boulevard Basly. Il a été mon professeur au début des années 60. Nous nous sommes retrouvés cet hiver par l’intermédiaire de Maurice Dhédin : un jour j’ai un message de sa part me disant l’intérêt qu’il porte à mes articles. Depuis, nous correspondons régulièrement. J’ai alors eu l’idée d’inverser les rôles : pour une fois, j’ai demandé à mon ancien prof de rédiger un devoir, une rédaction comme nous disions en 1965. Le thème : l’Établissement Scolaire qu’il a longuement fréquenté : Michelet. Quoi de plus normal. Alors, voici son devoir. La note sur 20 ????? A vous de décider mais ne soyez pas trop sévère, M. Daubresse était très indulgent avec nous.
Pour comprendre comment le collège Michelet est né, il faut un recul de quelques années : avant la 2ème guerre mondiale, les locaux du boulevard Basly abritaient une «ECOLE PRIMAIRE SUPERIEURE » : on y préparait au Brevet Élémentaire en 4 ans (de la 6ème à la 3ème ) uniquement des garçons. Pour les filles : c’était Campan. Filles et garçons dûment «brevetés» se retrouvaient en seconde pour préparer le brevet supérieur (aujourd’hui disparu, comme le «certif », que certains regrettent) !!! Dans le bassin minier, il n’y avait pas de lycée, et, pour passer le fameux bac, il fallait aller à Béthune ou Arras : inutile de préciser que çà coutait cher, et incitait très peu de jeunes des deux sexes à poursuivre leurs études. J’ai toujours dans mon portefeuille un article du journal «Le Monde» qui rappelle qu’en 1950 4% d’une classe d’âge étaient bacheliers. Un petit calcul: 4 à 500 000 naissances l’année donnaient environ 20 à 30000 titulaires du bac.(à comparer avec les 600 0000 bacheliers chaque année actuellement)
En 1933, c’est ‘Ecole Condorcet’ qu’il est inscrit sur le fronton du bâtiment
C’est le Général De Gaulle qui a transformé l’ENS de LENS en LYCEE.
C’est ainsi qu’en 40, de retour d’exode, j’ai dû passer 3 examens: le certif, le concours d’entrée en 6ème et, plus surprenant, un examen pour obtenir une BOURSE ROYALE de 900francs par an!!! Ceci jusqu’en première où, faveur suprême on m’a indiqué, qu’étant donné mon bon travail, on m’accordait une non moins royale augmentation: je «GAGNAIS» 1080 frs toujours par an: je me souviens que ma mère m’achetait une blouse grise!!! Je suis passé en seconde après la Libération
Et je suis ainsi devenu membre de la 1ère corporation des jeunes qui ont pu passer le BAC à Lens!!!
En 1959, la construction du nouveau Lycée Condorcet a été terminée et les locaux du boulevard Basly sont restés vides un an.
En résumé , en 1959, existent à Lens le lycée, un cours complémentaire de filles, Campan, et un cours privé construit je ne sais plus en quelle année: Sainte Ide (NB : Le Collège Sainte Ide existe depuis 1931 et a été crée sous l’impulsion des Ingénieurs des mines de LENS).
A la rentrée de 1960, je suis nommé à Michelet, sans avoir demandé quoi que ce soit: « MICHELET, c’est quoi ,ce machin? ». Telle a été ma réaction: je suis allé Boulevard Basly un jour avant la rentrée, et le « dirlo» que j’ai vu, (et que je connaissais bien) m’a expliqué qu’avait été créé un collège (pendant les vacances) et qu’il avait du passé 2 mois à recruter des élèves. Qui étaient ces élèves des gosses qui avaient passé à 14 ans le certificat d’études primaires, d’autres avaient été un an au lycée et ne s’étaient pas adapté d’autres encore avaient «glandé» sans rien faire!!! En tout environ 300 ados qu’il fallait essayer de remettre dans le circuit….
Alors a commencé une tache exaltante, car ces gosses dont les profs s’occupaient avec une certaine passion, étaient très intéressants! Nous, les enseignants, nous avons vraiment travaillé avec plaisir, car nous étions une équipe de vrais copains, nous nous passions nos fiches de travail, nous échangions nos idées, nos observations sur les élèves et j’ai passé à Michelet 23 ans formidables.
Une classe de M. Daubresse vers 1970
Après 60, le collège est devenu collège d’enseignement général, (C E G), puis C E S (collège d’enseignement secondaire, puis collège unique HABY: les ministres adorent faire des réformes qui ne coûtent rien et qui ne servent strictement à rien!!! Les vrais enseignants, ceux qui aiment leur métier se foutent des réformes et cherchent avant tout l’intérêt des gosses qui leur sont confiés.
En 1964 ou 65, les écoles primaires nous envoyaient des élèves issus de CM2 , mais tous les élèves n’entraient pas en 6ème. Il faudra attendre quelques années encore pour arriver à la situation actuelle: la scolarité obligatoire jusque 16 ans et donc tous au collège, (même ceux qui ne savent pas lire ni écrire correctement) et, évidemment, des dépenses folles pour essayer de récupérer certains d’entre eux.
Le groupe des professeurs vers 1970